Trois questions à Valérie Bonne, coordinatrice du pôle « protection des personnes à l’UNAF »
Une enquête d’ampleur nationale sur les gains socio-économiques générés par les mandataires à la protection juridique des majeurs vient d’être publiée. Elle vise à attirer l’attention des pouvoirs publics sur la nécessité de mettre en place une véritable politique publique dédiée à la question, en amont du débat à venir sur le projet de loi Grand Âge et autonomie.
Quels enseignements principaux peut-on tirer de cette étude ?
Cette étude a été réalisée à la demande de l’Interfédération de la protection juridique des majeurs (Fnat – Unaf- Unapei) pour passer de l’intuition à la preuve. Les acteurs du secteur avaient en effet l’intuition que le travail réalisé par les mandataires est une source d’économie pour l’État et la société en général. Nous avons voulu objectiver cela et monétariser les impacts de l’action, au quotidien, de ces professionnels. Et le résultat est éloquent puisque l’étude valorise à plus d’un milliard d’euros ces gains. L’autre grand enseignement de l’étude, c’est l’urgence qu’il y a à anticiper car l’étude révèle que la population de majeurs protégés pourrait doubler d’ici 20 ans.
Quels éléments cette étude met en avant sur le rôle des mandataires ?
Elle souligne l’importance du rôle des mandataires judiciaires, qui sont un soutien, au quotidien, des personnes protégées. Leurs champs d’intervention sont multiples et complémentaires et ils assurent pour eux, l’accès aux droits, la sécurisation du logement, préviennent la maltraitance financière, sécurisent le patrimoine, sans compter l’aspect psychologique et l’aide à l’inclusion. Les mandataires travaillent véritablement dans l’intérêt de la personne et avec elle, leur rôle est véritablement de faire émerger la parole de la personne protégée. Par exemple, la récente loi de 2019 permet désormais aux personnes protégées d’exercer leur droit de vote. Le rôle du mandataire est de l’accompagner dans cet exercice.
Quelles mesures devraient, selon vous, être prises ?
Des mesures de deux ordres peuvent être prises et elles vont ensemble. Concernant le statut des mandataires, la profession souffre d’un problème de recrutement et de fidélisation. Or, pour assurer une meilleure qualité d’accompagnement, il faut que les mandataires aient moins de mesures de protection à gérer. Il faut aussi valoriser la profession en assurant une rémunération décente, car un mandataire, qui a parfois fait de longues études, gagne 1 800 € brut en début de carrière, alors que ses responsabilités sont de plus en plus nombreuses. L’émergence d’une véritable politique publique, avec comme interlocuteur un délégué interministériel est indispensable. Enfin, il faut mettre en place un observatoire, qui recenserait notamment les mesures mises en place et leur durée.