Trois questions à Philippe Feuille, président de la Compagnie des CGP-CIF
Le président de la Compagnie des CGP-CIF estime que la crise sanitaire a rebattu les cartes en matière de placements financiers.
Quelles sont les demandes des clients ?
Dans le contexte actuel, notre rôle, à nous conseils, est de rassurer, d’anticiper et d’avoir un rôle pédagogique de soutien. Au début de la crise sanitaire, la baisse très rapide des marchés financiers a pu affoler certains de nos clients et nous leur avons expliqué quelles étaient les mesures de soutien proposées par les banques centrales pour juguler la baisse. Il s’agit également de faire attention aux flux financiers douteux générés par la crise. C’est l’occasion de revenir à certaines valeurs sûres et fondamentales. La crise a provoqué une prise de conscience chez nos clients et rien ne sera plus comme avant.
Pensez-vous, qu’en sortie de crise, l’épargne va se réorienter vers des placements plus éthiques ?
Il est certain que l’on ne peut pas continuer comme cela. Même si l’homme a la mémoire courte, l’attitude des gens a changé depuis le confinement. De nombreux conseils orientent, depuis de nombreuses années, leurs clients vers des placements plus éthiques et plus déontologiques, avec succès. Par le biais de nos avocats, l’association et la fédération nationale peuvent accéder au BIP (Bureau d’investigation patrimoniale), chargé de se renseigner sur les produits et les fournisseurs et d’anticiper la recrudescence de placements douteux, qui ne manqueront pas d’être proposés, comme c’est parfois le cas en temps de crise. Nous pouvons ainsi rechercher l’identité du fournisseur, le statut des sociétés qu’ils dirigent ou ont dirigées, vérifier la cohérence du rendement annoncé, etc. La profession est vigilante sur les différents investissements et peut ainsi prévenir l’éventuelle recrudescence d’« arnaques » qui ne manquent pas de fleurir.
Quelles remontées avez-vous de vos adhérents en ce temps de crise ?
Les remontées de nos adhérents varient selon l’approche patrimoniale qu’ont choisie les cabinets. Il ressort principalement que l’anticipation, l’accompagnement et la pérennité de la relation de confiance qu’ils entretiennent avec leurs clients est un plus indéniable en temps de crise. Dans cette configuration, il est certain, et la crise le prouve, qu’il faut conserver, pour les professionnels, un système de rémunération mixte, avec des honoraires, mais également avec des commissions, des encours et des droits d’entrée. Si les professionnels fonctionnaient uniquement avec des honoraires, il y aurait eu davantage de difficultés pour les cabinets qui auraient peiné à suivre leurs clients dans des conditions sereines.
Nous essayons surtout de préparer nos adhérents à rebondir en se diversifiant. Ils doivent rechercher de nouveaux produits, s’orienter vers l’accompagnement de protection, la prévoyance, éventuellement, dont la protection des salariés.