Trois questions à Daniel Agostinho, responsable Paris d’Exell Finance
La « pierre-papier » et l’investissement locatif sont-ils des placements productifs dans l’économie française ?
Si l’emploi et le droit au logement sont des sujets cruciaux en France alors, qui peut dire que l’investissement locatif n’est pas un pan incontournable de l’économie française. L’entretien, la rénovation et la construction de logements représentent plus de 1,5 million d’emplois en France. On considère que 2 emplois sont créés pour chaque logement vendu en VEFA (vente en l’état futur d’achèvement). 40 % des locataires en France louent des logements dans le parc locatif privé. Si le gouvernement marginalise l’immobilier, quel sera l’état de notre situation économique et sociale à la fin du quinquennat ?
Que pensez-vous d’exclure les revenus fonciers du prélèvement forfaitaire unique (PFU) ?
L’instauration du PFU pour les valeurs mobilières va favoriser l’investissement vers cette catégorie d’actif au détriment de l’investissement sur les actifs immobiliers. Même si la fiscalité des revenus fonciers n’est pas trop alourdie, ce secteur va pâtir de la comparaison avec la fiscalité des valeurs mobilières. La « pierre » valeur « refuge » par excellence depuis des décennies va perdre de sa superbe et risque de perdre sa place prédominante dans la stratégie globale d’investissement des Français.
Avec l’IFI, comment les investisseurs immobiliers vont se positionner ?
Il est probable que le nombre de donations au profit des descendants augmente dans les prochains mois. Le fait de transmettre par donation tout ou partie des parts d’un actif immobilier notamment les résidences de vacances familiales aux enfants permettra aux parents de faire disparaître cet actif de leur assiette taxable. Les enfants, quant à eux, ne se verront pas assujetti à l’IFI si leur patrimoine n’excède pas 1,3 million d’euros. Le démembrement de propriété pourrait être aussi plus utilisé. La possibilité de transmettre la nue-propriété aux enfants tout en conservant l’usufruit sera un bon moyen de minorer la valeur taxable à l’IFI tout en préservant son pouvoir de décision et de gestion de ce bien. Enfin, l’instauration de l’IFI va inciter les contribuables détenteurs d’actifs immobilier investis dans le cadre d’assurances vie à réorienter ceux-ci vers des actifs financiers purs. Cette tendance pourrait se concrétiser dès 2017 car les arbitrages réalisés avant le 31 décembre ne concerneront donc pas la première déclaration IFI qui déclarera les actifs immobiliers détenus au 1er janvier 2018.