Trois questions à Christine Valès
Paru dans Droit&Patrimoine Hebdo n°1209 - 21 octobre 2019
Christine Valès était présente, le vendredi 11 octobre 2019, à la deuxième rentrée solennelle de l’Institut nationale de formation des huissiers de justice, qui accueillait la dernière promotion de la profession avant la fusion avec les commissaires-priseurs judiciaires.
Lors de votre discours de rentrée, vous vous êtes demandé ce qui restera de la profession d’huissier de justice…
En effet, car la promotion qui a fait sa rentrée est la dernière promotion « d’huissier de justice ». La prochaine promotion qui intégrera l’école en sortira avec le titre de « commissaire de justice », qui entre en vigueur en 2022. Il est normal de s’interroger sur ce qui va être conservé de l’ancienne profession d’huissier de justice et que seront les commissaires de justice. Nous considérons que la nouvelle profession gardera l’ADN des huissiers de justice, mais s’enrichira des qualités des commissaires priseurs judiciaires. La promotion qui entre bénéficie de la formation pour devenir huissier, bien sûr, mais aussi de la formation passerelle, qui leur permettra de découvrir les activités des commissaires-priseurs. Ce cursus préfigure le programme de la future formation initiale des commissaires de justice.
Quels avantages- y-a-t-il pour la profession d’huissier à s’associer avec les commissaires-priseurs judiciaires ?
D’aucuns pensent que la profession va y perdre et certains d’entre nous ont d’ailleurs souligné que nous ne pourrons plus effectuer de ventes volontaires au sein de nos offices. Mais nous avons tant à y gagner ! Cette fusion entre les deux professions nous ouvre l’opportunité de nous intéresser à d’autres matières, et notamment à l’art. L’union avec les commissaires-priseurs est une véritable chance à saisir, car cette union va nous amener vers une nouvelle culture professionnelle. Chaque huissier de justice, même lorsqu’il aime - et c’est mon cas - mon travail, a parfois souffert de ne pas pouvoir développer davantage des activités liées à l’expertise. Je pense que cette union de nos ADN va nous apporter un nouveau souffle.
Que souhaitez-vous à cette dernière promotion d’une profession qui va s’ouvrir sur un nouvel avenir ?
Je voudrais que cette dernière promotion soit un feu d’artifice, qu’elle ferme la porte avec panache pour ouvrir celle de l’avenir avec enthousiasme. L’avenir s’annonce riche, car, au-delà de la fusion des professions, il y a bien d’autres aspects de la profession qui changent. Il faut s’emparer des nouvelles technologies, innover, être des entrepreneurs qui ont une approche économique de leur activité, se poser la question du rapport du droit avec l’innovation et surtout apprendre le langage de la communication avec ses règles et ses codes à part, car cet aspect sera crucial pour l’avenir de la future profession. L’ouverture à l’international est également importante et la profession conclut des partenariats avec ses homologues européens. Aujourd’hui, les jeunes huissiers parlent anglais, italien, espagnol. Demain, ils parleront chinois, arabe, etc.