Trois questions à Christiane Féral-Schuhl, présidente du Conseil national des barreaux (CNB).
Paru dans Droit&Patrimoine Hebdo n°1200 - 22 juillet 2019
Les avocats des pays du G7 viennent de présenter une vingtaine de propositions en vue de la préparation du sommet qui se tiendra à Biarritz du 24 au 26 août prochain. Coulisses.
Comment est née l’idée d’un G7 des avocats ?
Elle est née en septembre 2018, à Montréal. J’étais au consulat de France qui accueillait les avocats français exerçant à Montréal. Nous y avons évoqué le G7 2018, qui s’est tenu dans la région de Charlevoix, au Québec. La présidence du sommet revenant pour 2019 à la France, qui a choisi le thème de la réduction des inégalités et la dimension sociale de la mondialisation, il m’est apparu comme une évidence que les avocats ont toute leur place comme acteurs de la société civile. De plus, de par leur ADN, ils sont les défenseurs de toutes les inégalités et de porter les projets économiques en structurant des propositions dans l’intérêt de tous. C’est donc tout naturellement que j’ai suggéré de lancer l’opération G7 des avocats, pour apporter la position des avocats – 1 800 000 avocats à nous 7 – sur les différents thèmes proposés en vue du sommet de Biarritz. Les réactions immédiatement enthousiastes ont aidé à transformer cette idée en projet.
Comment ont été élaborées les propositions présentées aux sherpas qui préparent le sommet du G7 ?
Nous avons créé un groupe de travail G7 constitué par des élus du CNB. Ce groupe, avec l’aide des permanents du Pôle juridique du CNB, a présenté une quarantaine de propositions qui ont été soumises à mes homologues des autres pays du G7. Comme dans toute négociation, certains ont répondu tout de suite, d’autres avec un peu de retard mais, au final, nous avons pu trouver un consensus à 7 sur une vingtaine de propositions. Sur les autres, certaines ont été signées par 6 pays, d’autres par 5. Il y a parfois des raisons pertinentes comme celles sur le numérique qui n’ont pas été signées par l’American Bar Association qui dispose déjà de règles d’encadrement. Mais il y a des avancées qu’il faut saluer, particulièrement la résolution sur l’abolition de la peine de mort portée par le barreau japonais qui a été signée par six pays.
Cette participation des avocats au G7 a-t-elle vocation à devenir pérenne ?
Nous l’espérons. Les avocats ont été reconnus par le président français, avec les universités, comme respectivement 8e et 9e groupes d’engagement pour ce sommet du G7 et nous avons eu des échanges très riches avec les sherpas lorsque, avec le président de la Law Society, nous sommes allés leur présenter nos propositions. Le gouvernement français a manifesté un vif intérêt pour nos travaux et pour les sommets suivants. Quel qu’en soit le thème, le droit est partout. Et qui, mieux que l’avocat, peut apporter des solutions concrètes, opérationnelles pour construire l’avenir du monde. Les avocats ont des idées, de l’expérience et sont porteurs de valeurs. Nous avons toute notre place dans le dispositif. Le projet est devenu réalité. A nous de le faire vivre et grandir !