Stop temporaire du tirage au sort des futurs notaires
Par une requête enregistrée le 22 novembre dernier, le requérant demandait la suspension de l'exécution de l'arrêté du 14 novembre 2016 organisant les modalités de ce tirage au sort. En ce sens, il soutenait notamment qu'« il existe un doute sérieux quant à la légalité de l'arrêté attaqué qui prévoit que les tirages au sort seront effectués dans le secret, en la seule présence d'un représentant du Conseil supérieur du notariat, instance hostile à la réforme et sans qu'aucun représentant des diplômés notaires candidats ne soit présent » ; et que « l'arrêté ne permet pas de garantir la régularité des opérations de tirage au sort ». Notons que le requérant était déjà à l'origine du recours sur le droit de présentation des notaires qui avait fait l'objet d'une question prioritaire de constitutionnalité en 2014 (v. Dr. & patr. 2014, n° 242, p. 12).
Dans son ordonnance, le Conseil d'État a suspendu l'exécution de cet arrêté du 14 novembre au motif que les garanties prévues par ce texte pour s'assurer de la régularité du tirage au sort ne sont pas suffisantes (CE, sect., 14 déc. 2016, n° 405269). Le juge des référés a estimé qu'il ne ressort ni de l'arrêté, ni des fiches techniques relatives aux modalités d'anonymisation des candidatures et au procès-verbal des opérations de tirage au sort, qui ont été produites par le ministre de la Justice à la suite de l'audience, que « le ministre aurait prévu des règles permettant de s'assurer de la régularité de la procédure tout au long du déroulement de celle-ci, depuis l'enregistrement de la candidature, jusqu'à la publication des noms des personnes devenues titulaires d'un office notarial dans la zone en cause ».
Le principe de l'attribution des nouveaux offices notariaux par le biais d'un tirage au sort n'a pas été remis en cause par le juge des référés. De fait, le ministère de la Justice a indiqué, dans un communiqué du 14 décembre, qu'il prenait acte de cette ordonnance et il a annoncé qu'il « prendra, à brève échéance, les mesures nécessaires pour répondre aux interrogations soulevées et confirmer la sécurité juridique totale de l’opération ».
De son côté, le Conseil supérieur du notariat – qui n'est pas intervenu dans cette procédure – a également pris acte de cette ordonnance et rappelé, dans un communiqué du 14 décembre, qu'il avait « toujours » contesté l'organisation d'un tirage au sort et « préconisé l'organisation d'un concours ». L'institution avait d'ailleurs demandé, le 12 décembre dernier, au garde des Sceaux de suspendre les opérations de tirage au sort, de « réserver aux seuls primo-installants la possibilité de créer un office » et « de départager les candidats par un concours organisé par la Chancellerie fondé sur le mérite ».
Clémentine Delzanno