3 questions à Jean Aulagnier sur le DU Gestion de patrimoine des séniors et personnes âgées vulnérables
D&P : Pourquoi avez-vous créé ce DU ?
J. A. : Il est nécessaire de répondre aux préoccupations des personnes âgées, dont le nombre va en s’accroissant et dont la durée de vie probable augmente régulièrement. Cette population vieillissante, parfois dépendante, est confrontée à des exigences de vie qui peuvent s’avérer coûteuse. Le patrimoine accumulé sera-t-il suffisant ? Sauront-elles le gérer efficacement ? Les séniors sont confrontés à trois peurs : la peur de manquer, qui interpelle le conseiller en gestion de patrimoine ; la peur de gérer, qui justifie l’intervention des conseillers juridiques, notaires, avocats ; et la peur de mourir.
Ce diplôme universitaire mis en place avec l’université d’Auvergne s’intéresse aux personnes, le plus souvent retraitées, qui s’interrogent sur l’organisation de leur fin de vie.
D&P : À qui s’adresse-t-il ?
J. A. : Le DU s’adresse à tous les professionnels (CGP, notaires, chargés de clientèle, mandataires judiciaires, tuteurs et curateurs) dont la clientèle est composée de personnes âgées, dépendantes ou non, parfois vulnérables. Ces professionnels doivent adapter leurs conseils et leurs préconisations au quatrième âge qui n’en finit pas de durer.
Il faut organiser la détention du patrimoine par ceux qui ont eu le mérite de le constituer. Par exemple, l’envie de donner doit être satisfaite seulement si l’on est « sûr » que le patrimoine aliéné entre les mains du donataire ne manquera au donateur. Il faut que les professionnels du conseil patrimonial revisitent certaines stratégies qui ne sont plus nécessairement adaptées au grand âge.
D&P : Quels enseignements seront dispensés ?
J. A. : Seront notamment dispensés des cours sur les enjeux démographiques et macro-économiques du vieillissement ; quantifier les besoins des séniors, les confronter aux sources de revenus ; réorganiser la gestion du patrimoine pour en extraire des revenus futurs ; revoir les modes de détention pour en optimiser l’utilisation ; trouver les formes adéquates d’une gestion déléguée efficace ; protéger le patrimoine contre la convoitise d’un environnement familial parfois impatient ; préparer la transmission de ce qui en restera au jour de la disparition.
Cette formation ne sera pas seulement faite de connaissances techniques, économiques et juridiques, elle sera également centrée sur la psychologie de la relation entre le conseiller patrimonial et la personne vieillissante. La manière de faire du conseiller est d’une particulière importance.
Ce DU, d’une durée de 105 heures, commencera en janvier 2016 à raison de deux-trois jours par mois pendant sept mois. Il sera dispensé à Paris.
Propos recueillis par Clémentine Delzanno
Interview publiée dans Droit & patrimoine l'hebdo 2015, n° 1022 (7 sept. 2015)