3 questions au président de l'Union des jeunes avocats de Paris
D&P : Quel est votre programme ?
T. C. : Nous sommes des entrepreneurs et devons agir comme tels en nous adaptant aux évolutions sociétales, aux mutations profondes du marché de la prestation juridique et aux nouvelles demandes des justiciables… L’adaptation, notamment, aux nouveaux modes de consommation du droit est un enjeu important, qui doit se faire toujours dans le respect de notre déontologie qui doit rester notre valeur ajoutée Afin de s’engager sur de nouveaux terrains et marchés, dans une perspective de service aux clients, nos confrères ont besoin d’explications, de pédagogie et d’un accompagnement dont j’estime qu’il est le véritable rôle des syndicats. La profession a les atouts pour se moderniser, elle ne doit pas craindre de le faire mais ne doit pas se dévoyer.
D&P : Quelles sont les préoccupations des jeunes avocats parisiens ?
T. C. : Elles sont plurielles à l’image du jeune barreau. En premier lieu, les jeunes diplômés du CAPA éprouvent des difficultés à trouver une première collaboration, étape nécessaire pour apprendre son métier. Cela est dû à la fois à la situation économique actuelle, et à d’autres facteurs comme l’ultra-spécialisation pour certains dans des matières à faible débouché, alors qu’il y a de réels besoins dans des domaines plus classiques. En deuxième lieu, les jeunes avocats collaborateurs sont très préoccupés par le déroulement de leur carrière. Nous rencontrons plusieurs aspirations. Ainsi, nous constatons un renouveau de l’esprit entrepreneurial chez beaucoup de jeunes confrères qui aspirent à monter leur cabinet à moyen terme, dans des délais plus rapide que leurs aînés. Nous observons également que de nombreux jeunes confrères désirent concilier vie professionnelle et vie personnelle et ne sont plus prêts à travailler autant que leurs aînés au même âge. En dernier lieu, nombre de jeunes avocats parisiens ont de faibles revenus. Nos institutions doivent se saisir de cette situation, en repensant, par exemple, la fixation de certaines charges comme celle afférente à la responsabilité civile professionnelle : un avocat collaborateur qui n’a pas ou peu de clientèle personnelle ne devrait pas avoir à la payer.
D&P : Quelles sont les réformes que vous suivez ?
T. C. : L’UJA de Paris suit toutes les réformes touchant soit au droit matériel, soit à l’exercice de la profession. Nous sommes même proactifs et initions des réformes. Ainsi, dans un contexte où la profession refusait l’avocat salarié en entreprise et où les PME étaient en demande de conseils juridiques, nous avons été en pointe sur la modification de l’article 15 du règlement intérieur national, adoptée par le Conseil national des barreaux, pour permettre aux avocats d’établir leur domicile professionnel secondaire au sein d’une entreprise. Nous suivons aussi de très près le projet de Loi Sapin, qui nous semble ouvrir ou renforcer des champs d’activités pour l’avocat, qui a une véritable plus-value à mettre en avant sur les sujets notamment du lobbying, de la compliance, de l’audit de risques ou de la lutte contre la corruption.
Propos recueillis par Clémentine Delzanno
Interview publiée dans Droit & patrimoine l'Hebdo 2016, n° 1067 (5 sept. 2016)