3 questions à Matthieu Dulucq, président de la FNUJA
D&P : Quels sont vos projets pour la FNUJA ?
M. D. : Notre ambition première est de permettre aux avocats, à commencer par les jeunes avocats, d’anticiper et de s’adapter aux évolutions du marché du droit. Nous ne sommes plus les seuls sur ce secteur. Solliciter une réglementation pour nous rendre obligatoire est illusoire. Mieux vaut s’efforcer de nous rendre indispensable en mettant en valeur la plus-value que nous pouvons apporter à l’offre existante, parfois gratuite sur internet.
D&P : Comment se portent les jeunes avocats ?
M. D. : Bon nombre d’entre eux, à l’image de la profession entière, souffrent de la conjoncture économique. Pour autant, tous ne connaissent pas la crise, suivant leur domaine d’activité. Le rôle de la FNUJA est d’accompagner les jeunes avocats vers des secteurs dans lesquels ils pourront plus facilement s’épanouir. À titre d’exemple, nous avons ainsi conclu un partenariat avec l’Association des médiateurs européens pour faire bénéficier aux jeunes avocats de formations leur permettant d’être acteurs de la médiation.
D&P : Lors du congrès de Nantes, la FNUJA a adopté une motion contre la création d’un avocat salarié en entreprise. Quelle solution préconiseriez-vous ?
M. D. : Il y a un besoin de droit de la part des entreprises, qui s’exprime depuis bientôt vingt ans, auquel les avocats n’ont pas encore su répondre. La profession n’est pas divisée sur cette question, elle est dans une très large majorité hostile à la création d’un statut d’avocat salarié en entreprise. En l’état, la jurisprudence européenne peut d’ailleurs nous conduire à douter de la possibilité de garantir l’indépendance d’un avocat qui serait salarié d’une entreprise. Or, nous sommes persuadés que nous devons répondre au besoin de sécurité juridique des entreprises et que seuls les avocats peuvent apporter cette garantie. Nous sollicitons donc la création d’un statut permettant à un avocat libéral de travailler, s’il le souhaite, exclusivement pour un seul client, une entreprise, sans risquer de voir cette relation de travail requalifiée en salariat. Cet avocat pourrait même voir transféré son cabinet dans l’entreprise tout en restant parfaitement autonome.
Propos recueillis par Clémentine Delzanno
Interview publiée dans Droit & patrimoine l’hebdo 2015, n° 1014 (8 juin 2015)