Trois questions à… Jean-David Chamboredon, co-président de France Digitale.
Paru dans Droit & Patrimoine Hebdo n°1142 du 16 avril 2018
Trois questions à… Jean-David Chamboredon, co-président de France Digitale. Financer l’innovation grâce aux assurances-vie, aux nouvelles technologies, et plus généralement par l’investissement de long-terme, c’est tout l’objet des propositions de France Digitale, qui a été reçue au ministère dans le cadre des concertations de la loi Pacte.
Pourquoi et comment orienter l’épargne vers l’innovation ?
Notre pays dispose de 6 000 milliards d’euros d’épargne, dont 1 700 milliards dans l’assurance-vie. Et pourtant, seulement 0,4 % de cet argent se dirige vers le capital-investissement. Si, comme le souhaite le président de la République, nous voulons être une start-up nation durable, il faut mettre définitivement notre écosystème à l’abri d’un retournement de cycle. Pour cela, nous avons besoin de plus d’investisseurs de long-terme issus du milieu de la banque-assurance. Les engagements très longs et mutualisés doivent être favorisés du point de vue fiscal.
Vous avez été reçu par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire au sujet du projet de loi pour la croissance et la transformation des entreprises (Pacte), une bonne occasion de lui parler de vos propositions. Que lui avez vous dit ?
Notre entretien a duré plus d’une heure. Il voulait échanger avec France Digitale sur les meilleures réformes à engager pour financer l’écosystème French Tech. Nous avons développé trois propositions. D’abord, celle de développer un régime d’autorisation des Initial coin offering (ICO) pour aider au financement des startups grâce aux cryptomonnaies, comme le bitcoin. Ensuite, nous proposons de développer les fonds Euro-croissance pour mobiliser l’épargne des Français vers l’innovation. Enfin, nous souhaitons la facilitation des mécanismes de ré-emploi par les entrepreneurs en favorisant le recyclage de la création de valeur.
Comment encourager les investissements étrangers dans la French tech ?
Il est clair qu’on ne peut pas créer de champions du numérique sans eux. Nous avons présenté au ministre certaines propositions pour le décret sur les investisseurs étrangers en France. Ce texte, publié en 2014 et écrit par Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif, devrait pouvoir évoluer vers une procédure simplifiée pour les entrepreneurs. Son extension aux domaines de l’intelligence artificielle, du cloud et de la data ne devrait concerner que les activités de recherche et développement destinées aux acteurs dits stratégiques.