Les notaires du Loiret appellent à la démission d'Emmanuel Macron de la fonction publique
D&P : Pourquoi avez-vous lancé cette pétition ?
É. L. : La Chambre des notaires du Loiret a décidé de lancer cette pétition en apprenant que M. Macron serait l’invité d’honneur des fêtes johanniques d’Orléans du 8 mai. L’objectif est notamment d’attirer l’attention de nos concitoyens sur la communication mensongère de nos gouvernants, exercice dans lequel ils excellent, et tout particulièrement M. Macron.
Côté pile, M. Macron vante la prise de risques et dénonce le statut des fonctionnaires. Côté face, il reste membre du très fermé corps de l’inspection générale des finances, se ménageant ainsi une solution de repli – j’allais dire une retraite paisible – en cas de mauvaise fortune. Et évite en outre de rembourser la très coûteuse formation dont il a bénéficié, grâce à l’argent des contribuables…
On retrouve la même logique avec « sa » réforme : derrière les beaux discours sur le fait de redonner du pouvoir d’achat aux Français, de conforter un service public d’accès au droit de proximité, etc., la réalité est tout autre et même diamétralement opposée ! Le pouvoir d’achat des Français baisse, les études rurales sont les plus durement touchées, etc.
D&P : Avez-vous remis la pétition au ministre lors de sa venue à Orléans le 8 mai ?
É. L. : Non. La pétition vient d’être lancée et nous recueillons seulement les premières signatures. En outre, à l’image de nombreux élus locaux, nous avons boycotté sa venue. Nous sommes fatigués des donneurs de leçon : hier M. Cahuzac, champion autoproclamé de la lutte contre la fraude fiscale, aujourd’hui M. Macron, qui vante entrepreneuriat tout en se réfugiant dans le confort ouaté du système. Nous ne voulons pas cautionner cela.
D&P : Comment se passe l’application de la loi Macron dans le ressort de la Chambre ?
É. L. : Il est encore difficile de mesurer les conséquences de cette « réforme », dont nous ne connaissons toujours pour l’heure qu’une infime partie. Les modalités de la libre installation ou de l’interprofessionnalité restent toujours inconnues. Or elles sont essentielles.
Mais les difficultés sont d’ores et déjà nombreuses. La première, c’est d’expliquer à nos clients que contrairement à ce qu’indique le Gouvernement, les frais d’acquisition – et non les « frais de notaires » – ne baissent pas de 10 % ! Seul le chiffre d’affaires du notaire est affecté par cette baisse. Or il ne représente qu’une petite partie des frais d’acquisition. Les impôts et taxes diverses, qui constituent 80 % de ces frais, ne sont nullement concernés par cette baisse, bien au contraire. Dans notre département comme dans tous les autres ou presque, ces taxes ont augmenté de 20 % ! Communication, vous disais-je…
Propos recueillis par Clémentine Delzanno
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