3 questions à Pierre-Yves Joly, bâtonnier de Lyon
D&P : Quel bilan tirez-vous de votre opération « 100 avocats dans 100 entreprises » ?
P.-Y. J. : Les participants, chefs d’entreprise et avocats, ont unanimement souligné l’initiative de cette opération dont l’originalité résidait dans les modalités de rencontre. Les avocats se sont rendus auprès des chefs d’entreprise au sein même de leurs sociétés. Des échanges informels de qualité ont permis de mettre en valeur le rôle préventif de l’avocat et de rappeler qu’il est le conseil privilégié du chef d’entreprise quelle que soit sa taille.
Je peux vous confirmer que cette opération bénéficie au rayonnement de toute la profession. Un souhait pour l’année prochaine : que le nombre d’entreprises participant à l’opération augmente, nous avons 2 900 avocats au barreau de Lyon !
D&P : Quel est le profil des entreprises qui ont souhaité en bénéficier ?
P.-Y. J. : Les avocats du barreau de Lyon ont principalement rencontré des dirigeants de TPE et PME, de 1 à 50 salariés en moyenne. C’est la preuve que le chef d’entreprise est confronté aux questions juridiques et judiciaires dans son exercice professionnel, et ce, quelle que soit la taille de l’entreprise. Il est évident que l’avocat est une valeur ajoutée pour celle-ci d’autant que ses domaines d’intervention et champs de compétence sont variés.
Les questions des entreprises, sollicitées via nos partenaires (CGPME, MEDEF, CMA du Rhône, pépinières, réseaux d’entrepreneurs), portaient principalement sur le droit des sociétés, le droit commercial, le doit fiscal et le droit du travail.
D&P : Comprenez-vous la demande des juristes d’entreprise d’obtenir la confidentialité de leurs avis ?
P.-Y. J. : Les juristes d’entreprises sont déjà tenus à la confidentialité (rien de ce qui est porté à leur connaissance dans le cadre de leurs fonctions ne peut être divulgué) mais pas au secret professionnel vis-à-vis de tiers. Cette nuance dans les termes a toute son importance. Demander l’accès au secret professionnel revient à réglementer la profession de juriste d’entreprise. N’est-ce pas en contradiction avec la position du gouvernement qui tend à déréglementer l’ensemble des professions ?
Je tiens à rappeler que si l’éthique et la pratique du métier de juriste peuvent sembler de prime abord proches de celui d’avocat conseil, l’avocat exerce une profession libérale, indépendante et régie par des règles déontologiques liées en partie à son serment. Par ailleurs, ce qui semble difficile à imaginer en entreprise, le secret professionnel des avocats est absolu.
Propos recueillis par Clémentine Delzanno
Interview publiée dans Dr. & patr. l'hebdo 2015, n° 1006 (13 avr. 2015).