3 questions à la présidente de la Fédération nationale des unions de jeunes avocats
D&P : Comment se portent les jeunes avocats ?
E. C. : Les jeunes avocats ont souvent suivi une formation universitaire longue en raison d’un double cursus en droit et/ou en école de commerce ou des études à l’étranger. Les collaborateurs exercent tant en grandes structures qu’en cabinets individuels pour une rétrocession d’honoraires qui n’est pas toujours à la hauteur de leur investissement dans les dossiers. De plus, plus de la moitié des jeunes avocats sont des femmes, par conséquent nous avons l’obligation de poursuivre notre combat pour l’égalité entre les hommes et les femmes au sein de la profession. Par ailleurs, il est alarmant de constater qu’une partie non négligeable des jeunes avocats se déclarent prête à quitter la profession dans un futur plus ou moins proche, définitivement, ou temporairement.
D&P : Quel est votre programme ?
E. C. : Mon programme repose sur la défense des jeunes avocats et plus largement des avocats. Premièrement, à l’ère du numérique, nous devons travailler à de nouvelles solutions de développement de clientèle tout en respectant notre déontologie car l’avocat doit rester le premier conseil juridique du justiciable. Deuxièmement, en matière de formation initiale, nous allons travailler sur un statut d’élève avocat pour que celui-ci ait un statut social précis, en dehors de toute précarité. En matière de formation continue, je suis favorable au développement des mentions de spécialisation qui peuvent être un outil de communication pour les jeunes avocats. Enfin, troisièmement, je vais mettre l’accent sur l’interprofessionnalité car je pense que l’avocat doit travailler en concertation avec d’autres professionnels afin d’aller plus loin dans le développement de sa clientèle, dans le respect de sa déontologie.
D&P : Quelle est votre position sur le divorce par consentement mutuel qui serait confié aux avocats ?
E. C. : Nous sommes très attachés au rôle du juge en tant qu’acteur de la paix sociale. Aussi nous refusons toute déjudiciarisation totale du divorce. Nous sommes néanmoins conscients des délais de procédure et de l’engorgement des juridictions. Nous sommes favorables au fait d’imposer l’intervention d’un avocat pour chacune des deux parties et il faudrait réfléchir à une solution permettant de doter l’acte contresigné par avocat de la force exécutoire et de la date certaine car partout où il y a du droit, il doit d’abord y avoir les avocats.
Propos recueillis par Clémentine Delzanno
Interview publiée dans Droit & patrimoine l'hebdo 2016, n° 1057 (23 mai 2016)